AMMAN, Jordanie, 19 décembre 2023 - Le programme Better Work Jordan, dans un effort conjoint avec la Renaissance arabe pour la démocratie et le développement (ARDD), a récemment organisé une réunion des parties prenantes de l'industrie jordanienne de l'habillement. Cette réunion a constitué une étape cruciale dans les discussions autour d'un projet de mécanisme de règlement des griefs des travailleurs, s'inscrivant davantage dans l'agenda national visant à améliorer les conditions de travail.
Les principaux points de discussion ont porté sur les procédures proposées pour la présentation des griefs des travailleurs, le rôle influent du syndicat général des travailleurs des industries du textile, de l'habillement et de la confection (GTU) et l'implication proactive de la plateforme du ministère jordanien du travail (MoL), "Hemaya", dans le traitement et le suivi des griefs.
Le président du GTU, Fathallah Al Omrani, a réitéré "l'engagement du syndicat à travailler aux côtés de toutes les parties prenantes et de tous les prestataires de services juridiques pour protéger les droits des travailleurs". Il a souligné "la nécessité d'un mécanisme solide pour résoudre les griefs des travailleurs et le rôle crucial des consultations juridiques dans ce processus".
Le mécanisme de réclamation proposé est conçu pour soutenir les lois nationales existantes, y compris la loi jordanienne sur le travail, en établissant des procédures standard qui s'alignent sur les normes de travail nationales et internationales. Il vise en particulier à relever des défis tels que la lutte contre la violence sexiste, l'amélioration de l'environnement de travail, la protection des droits des travailleurs et la promotion de relations de travail saines.
Selon le projet de mécanisme, les travailleurs, individuellement ou en groupe, peuvent soumettre leurs griefs au syndicat ou à la plateforme "Hemaya". Il prévoit également la possibilité de soumettre les griefs à des prestataires de services juridiques externes, y compris des organisations de la société civile, afin de garantir un traitement équitable à tous les plaignants.
Le ministère du Travail a salué la création d'un mécanisme unifié de règlement des griefs dans le secteur, une initiative qui complète le rôle de la plateforme "Hemaya". Le ministère a déclaré qu'il "prévoit d'intensifier la collaboration avec les différentes parties prenantes, y compris les syndicats, afin de rationaliser la résolution des plaintes par le biais de cette plateforme, et d'unir ainsi les efforts en vue de cet objectif commun".
"Hemaya", une plateforme de plaintes électroniques, a pour mission de "faire respecter les droits des travailleurs et les obligations envers les employeurs, tout en garantissant la résilience et la durabilité des opérations du secteur privé".
Le projet de document souligne la nécessité de renforcer les mesures de protection et de prévention des différents griefs au niveau national. Il s'agit notamment de préserver la confidentialité et le respect de la vie privée des prestataires de services et de garantir l'obligation de rendre compte.
Les discussions de la réunion ont également porté sur la simplification des procédures de renvoi des plaintes, la sensibilisation aux procédures de dépôt des plaintes et la clarification des responsabilités des entités qui traitent ces plaintes.
L'une des principales recommandations de la réunion était de lancer des programmes de formation complets pour les cadres intermédiaires dans les usines de confection. La première session de formation est prévue pour le 20 décembre 2023. Des sessions de formation mensuelles pour les représentants syndicaux, les inspecteurs du travail et les cadres intermédiaires sont également prévues, ainsi qu'une stratégie de communication pour informer efficacement les travailleurs sur le mécanisme de règlement des griefs.
La réunion a également conseillé d'organiser une session séparée avec les ambassades des pays des travailleurs migrants afin d'explorer leur rôle dans la gestion des plaintes et des griefs.
Les 95 usines de confection regroupées sous l'égide de Better Work Jordan emploient 78 617 travailleurs, les migrants représentant les trois quarts de cette main-d'œuvre et les Jordaniens le quart restant. En particulier, les femmes représentent environ 75 % de la main-d'œuvre de production.
En collaboration avec toutes les parties prenantes, il est proposé de mettre en œuvre à titre expérimental le projet de mécanisme de réclamation, qui sera affiné en fonction des réactions des travailleurs et des employeurs.
Le GTU prévoit de lancer une campagne de sensibilisation visant à éduquer les travailleurs du secteur de l'habillement sur les procédures standard de traitement des griefs. Cette campagne vise à responsabiliser les travailleurs en leur fournissant les connaissances et les outils nécessaires pour exprimer efficacement leurs préoccupations et leurs plaintes.
Selon le rapport annuel 2023 de Better Work Jordan, 22 % des usines ne disposent pas de procédures efficaces de traitement des griefs. En revanche, les usines dotées de mécanismes de dialogue et de règlement des griefs sont plus aptes à répondre de manière préventive aux préoccupations des travailleurs, ce qui favorise un environnement de travail plus productif et plus harmonieux.