"Protéger et responsabiliser nos collègues ne transforme pas seulement leurs conditions de travail ; cela ouvre la voie à des changements sociétaux et systémiques plus larges au sein de l'industrie". - Mme Yang Sophorn.
À Phnom Penh, au Cambodge, les syndicats jouent un rôle essentiel dans la défense des droits des travailleurs et l'amélioration des conditions de travail. Derrière ces efforts se trouvent des leaders dévoués comme Yang Sophorn, une ancienne ouvrière d'usine qui a été au premier plan de l'Alliance cambodgienne des syndicats (CATU) depuis sa création en 2011. Sophorn a rencontré Better Factories Cambodia lors d'une récente interview, pour partager son parcours de croissance professionnelle et personnelle. Le dernier contact de Sophorn avec BFC a été le programme "Trade Union Leadership Training". Sophorn, 43 ans, qui a rejoint l'industrie de l'habillement en tant qu'ouvrière en 1993, est aujourd'hui une dirigeante éminente de la CATU. Son parcours vers la direction syndicale a commencé lorsqu'elle est passée du statut d'ouvrière à celui de dirigeante syndicale en 2000 ; elle est devenue membre du Free Trade Union of Workers of the Kingdom of Cambodia (FTUWKC) pour défendre les droits des travailleurs. Lorsqu'on lui demande ce qui l'a poussée à devenir dirigeante syndicale, Sophorn parle avec passion de son désir d'aider les autres. Elle a été témoin des difficultés rencontrées par les travailleurs et a reconnu que l'adhésion à un syndicat était un moyen de changer les choses.
Sophorn a également expliqué comment le programme de formation au leadership syndical, d'une durée de six mois, l'a aidée à mieux comprendre son propre style de leadership et à améliorer ses relations avec ses collègues.
Pour Sophorn, l'un des principaux enseignements du programme a été l'accent mis sur l'intelligence émotionnelle et sur la manière d'élaborer des stratégies et de hiérarchiser les tâches, ce qui lui posait problème auparavant. En tant que dirigeante syndicale, elle a dû relever sa part de défis, notamment celui de modérer les conflits entre les membres. Pendant un certain temps, l'immense pression qu'elle subissait en tant que dirigeante syndicale l'a éloignée de sa famille. Au fil du temps, grâce à ses nouvelles compétences et connaissances, Sophorn a déclaré : "J'ai davantage confiance en moi pour partager mes sentiments, je suis plus à même d'impliquer et de soutenir les membres de mon syndicat et les membres de ma famille". Sa famille comprend mieux sa position et la soutient davantage dans ses efforts professionnels.
Réfléchissant à son évolution en tant que dirigeante syndicale, Mme Sophorn a souligné l'importance de se concentrer sur les résultats et de travailler avec le cœur - non seulement pour obtenir un gain personnel, mais aussi pour améliorer la vie des travailleurs.
Le programme de formation des dirigeants syndicaux a été suivi par 22 dirigeants syndicaux à travers le Cambodge. L'objectif de ce programme est de doter les dirigeants syndicaux des compétences et des connaissances nécessaires pour représenter efficacement les travailleurs. En se concentrant sur les compétences de leadership professionnel, le travail d'équipe, la collaboration et les capacités techniques, BFC vise à former des dirigeants capables de conduire des changements positifs, de défendre les intérêts des travailleurs et de participer activement aux consultations et aux négociations sectorielles. BFC continuera à fournir un soutien continu aux dirigeants syndicaux cambodgiens et travaillera en étroite collaboration avec eux sur leurs parcours de leadership, y compris par le biais de sessions de coaching personnalisées qui devraient avoir lieu en 2024.
Le parcours de Sophorn témoigne de l'importance du renforcement des capacités, en particulier des compétences en matière de leadership pour les dirigeants syndicaux. Il montre comment des personnes dévouées comme Sophorn peuvent se transformer, mais aussi transformer les organisations qu'elles dirigent, en contribuant à garantir la protection et la promotion des intérêts des travailleurs.
"Être un dirigeant signifie prendre des décisions qui affectent un grand nombre de personnes. Il arrive qu'un dirigeant reçoive des critiques ou des commentaires de la part des membres, mais je dois y être ouvert. Ce changement est venu de l'intérieur. Ce n'est pas un concept qui m'a été imposé pendant les cours. C'est une prise de conscience qui s'est faite progressivement lorsque j'ai réfléchi à la formation.