Alors que Better Work Jordan entre dans sa quatrième phase stratégique, il continue à développer les réalisations faites en partenariat avec les parties prenantes nationales au cours des 14 dernières années. Avec le lancement de la stratégie de la phase IV (2022-2027), le programme et ses partenaires aspirent à une industrie jordanienne de l'habillement compétitive qui fasse progresser le développement socio-économique national, réduise la pauvreté et protège les droits des travailleurs.
Depuis sa création, Better Work Jordan a réalisé d'importantes avancées dans l'amélioration des conditions de travail et le respect de la législation nationale sur le travail et des normes internationales du travail. La valeur totale des exportations jordaniennes de vêtements a doublé et les emplois créés dans le secteur ont considérablement augmenté. En 2022, 91 usines enregistrées dans le cadre du programme employaient 62 963 travailleurs, dont 75 % de femmes. Les migrants représentent les trois quarts de la main-d'œuvre et les Jordaniens 25 %.
Stratégie de la phase I (2008-2013)
Au cours de la première phase du programme, Better Work Jordan s'est efforcé d'améliorer la vie de dizaines de milliers de travailleurs en favorisant une amélioration durable, à l'échelle du secteur, du respect du droit du travail jordanien et des conventions internationales relatives aux principes et droits fondamentaux au travail. Better Work Jordan a favorisé la compétitivité du secteur de l'habillement en évaluant les usines participantes au regard des normes internationales du travail et du droit du travail national, afin d'identifier les exigences de conformité et de recommander des améliorations dans les systèmes. Le programme a également fourni des services de conseil et de formation sur la manière d'améliorer la conformité en renforçant la coopération sur le lieu de travail. Au niveau de l'industrie, le programme a impliqué les parties prenantes pour assurer la durabilité à long terme des améliorations apportées par les usines.
Stratégie de la phase II (2014-2019)
Au cours de la deuxième phase du programme, Better Work Jordan a renforcé la qualité et la cohérence des services de base, étendu l'impact au-delà du niveau de l'usine afin d'accroître la durabilité à long terme et la production économique des exportations de vêtements, et amélioré sa viabilité financière à long terme.
Au cours de cette période, Better Work Jordan a étendu ses services à toutes les usines du secteur jordanien de l'habillement, a introduit une approche systémique des améliorations, a élargi son offre de formation et a révisé son approche dans le but d'améliorer l'appropriation de l'usine et le changement durable.
L'impact de Better Work Jordan a conduit à une amélioration constante de la conformité des usines, à la mise en œuvre d'une nouvelle convention collective sectorielle, à un contrat unifié pour les travailleurs migrants du secteur de l'habillement, à la création du premier centre des travailleurs en Jordanie, à l'élaboration d'une stratégie à long terme pour le secteur de l'habillement et à une nette augmentation du nombre de marques internationales qui s'approvisionnent en produits d'habillement en Jordanie. Le programme a également étendu son impact au-delà du niveau de l'usine pour faire progresser l'industrie à long terme, en contribuant davantage à l'économie et à la société jordaniennes, comme l'a démontré l'évaluation d'impact indépendante conclue en 2016.
Stratégie de la phase III (2017-2022)
Au cours de cette phase qui vient de s'achever, Better Work Jordan a évolué vers un rôle d'assurance qualité et d'accompagnement, les parties prenantes nationales assumant une responsabilité accrue dans la fourniture des services. Le programme a continué à faciliter les relations entre les différentes parties prenantes et à influencer l'élaboration des politiques pour une gouvernance du marché du travail plus réactive et plus efficace en Jordanie.
La stratégie de la phase III avait trois objectifs principaux : accélérer et approfondir les améliorations apportées aux usines dans l'industrie et au-delà ; renforcer les capacités des parties prenantes nationales et localiser la prestation de services ; et créer des mécanismes durables pour la réforme des politiques dans l'industrie de l'habillement et au-delà.
Au cours de cette période, Better Work Jordan a étendu l'engagement des usines aux industries manufacturières des plastiques, des produits chimiques et de l'ingénierie, et a aidé les parties prenantes et les employeurs à améliorer les conditions de vie des travailleurs migrants et à mieux comprendre les besoins psychologiques des travailleurs.
Contexte du programme
Better Work Jordan a été créé en 2008 à la demande du gouvernement jordanien et avec le soutien du gouvernement américain, à la suite de la révélation de violations des droits de l'homme et du travail dans l'industrie jordanienne de l'habillement en 2006. Cela a incité le ministère américain du travail (DoL) à placer les vêtements fabriqués en Jordanie sur la liste des marchandises produites par le travail des enfants ou le travail forcé. Ces dernières années, les évaluations du gouvernement américain concernant le travail forcé dans l'industrie ont fait état d'une amélioration spectaculaire et, en 2016, le secteur de l'habillement a été retiré de cette liste, ce que le DoL a attribué en grande partie au travail de Better Work Jordan.
Au cours de ses 14 années d'activité, Better Work Jordan a connu une croissance régulière, accumulant une multitude de bonnes pratiques et d'enseignements, ainsi que de solides partenariats avec les parties prenantes - autant d'éléments qui ont contribué à la réussite du programme. Better Work Jordan a développé ses activités pour permettre une compréhension approfondie des différents aspects de l'industrie et des domaines qui nécessitent un travail plus approfondi. L'évolution du travail du programme est documentée à la fois dans son premier rapport de synthèse sur la conformité et dans son rapport annuel 2022 : un examen du secteur et de la conformité. Le programme a eu un impact fort et mesurable sur l'amélioration de la vie des travailleurs et la promotion de la compétitivité des entreprises, comme le montre l'évaluation d'impact de 2016. En particulier, la participation à Better Work Jordan a été liée à une réduction significative du travail forcé et à une augmentation des salaires des travailleurs.
Le programme vise non seulement à transférer des connaissances techniques, mais aussi à jouer un rôle clé dans le contrôle de la qualité, l'encadrement et la promotion de relations industrielles saines, en partenariat avec les parties prenantes nationales. Il travaille en étroite collaboration avec les partenaires nationaux pour combler le manque de confiance dans le secteur, relever les défis et renforcer la responsabilité et le dialogue social.
Amélioration continue
L'industrie de l'habillement a connu une croissance significative au cours des dix dernières années. En 2021, les exportations totales étaient évaluées à 1,3 milliard JOD (1,8 milliard USD), contre 700 millions JOD (972 millions USD) en 2010. Le nombre de travailleurs employés est passé de 13 338 en 2010 à 62 963 l'année dernière. L'industrie de l'habillement est le premier secteur d'exportation de la Jordanie, représentant 27 % des exportations totales et contribuant à hauteur de 2 % au produit intérieur brut (PIB), selon la Chambre d'industrie de Jordanie (JCI), la principale association d'entreprises en Jordanie qui représente les secteurs industriels, y compris l'habillement.
"Le secteur de l'habillement s'améliore régulièrement depuis 2006, notamment en ce qui concerne la législation et les relations entre les travailleurs, le gouvernement et les employeurs", a déclaré Fathallah Al Omrani, président du General Trade Union of Workers in Textile, Garment, and Clothing Industries (syndicat général des travailleurs des industries du textile, de l'habillement et de la confection).
Le syndicat a lancé une stratégie quinquennale avec le soutien de Better Work Jordan afin de renforcer la capacité d'organisation du syndicat et de mieux soutenir les droits des travailleurs. Cette stratégie vise à renforcer la gouvernance et la démocratie du syndicat, à améliorer les mécanismes de communication avec les travailleurs, à faire progresser les relations industrielles et à garantir l'avenir financier et l'équité du syndicat. Better Work Jordan s'engage également directement auprès des travailleurs par le biais de formations, d'enquêtes et d'appels téléphoniques. Dans les années à venir, les formations seront axées sur la santé mentale et la réduction de la violence sexiste.
Haitham Al Najdawi, chef de la direction de l'inspection au ministère du travail, constate de "très bons résultats" dans le secteur de l'habillement, même s'il reconnaît que "certaines entreprises garantissent un environnement de travail conforme à la législation nationale... d'autres entreprises, en particulier les sous-traitants, ne respectent pas la loi"
La relation entre le ministère du Travail et Better Work Jordan a évolué au fil du temps, depuis le premier protocole de coopération (Zero Tolerance) en 2010 jusqu'au plus récent protocole d'accord signé en mai 2020, établissant une unité Better Work au sein du ministère qui a été officiellement lancée en 2021. Cette relation s'est approfondie, Better Work Jordan formant les inspecteurs du travail du ministère du Travail à la méthodologie d'évaluation du programme. La création de l'unité a constitué une étape importante. Le programme continuera à travailler en étroite collaboration avec l'unité pour garantir l'efficacité et la durabilité de sa mission.
Better Work Jordan a également renforcé son partenariat avec l'Association jordanienne des exportateurs de vêtements, d'accessoires et de textiles (J-GATE), qui représente les grands exportateurs et plaide en faveur de politiques susceptibles d'améliorer la situation économique et commerciale des employeurs et de faire de la Jordanie un lieu d'investissement plus attractif. Le programme et J-GATE ont signé un protocole d'accord en 2020 et ont coopéré pour sensibiliser les employeurs, promouvoir les relations industrielles et améliorer la communication entre J-GATE et ses membres. Pour la première fois en 2021, ils ont accueilli conjointement le 13e forum annuel des parties prenantes.
"Le secteur a prouvé sa capacité à respecter le droit du travail jordanien et les normes internationales du travail, comme en témoigne la présence de grandes marques internationales de vêtements dans le pays", a déclaré Sawsan Al Habahbeh, directeur exécutif de J-GATE.
Parmi les autres partenaires clés de Better Work Jordan figurent les acheteurs internationaux qui s'approvisionnent dans le pays. Il est important que les acheteurs soient convaincus que la conformité est contrôlée et maintenue.
"Le secteur jordanien de l'habillement est parvenu, grâce au soutien de Better Work Jordan et à la collaboration des parties prenantes nationales et internationales, à résoudre un certain nombre de problèmes difficiles qui auraient pu être considérés comme insurmontables et structurellement endémiques", a déclaré Yusra El Esir, responsable de la responsabilité d'entreprise chez PVH. "Ces problèmes comprennent la discrimination salariale entre les travailleurs locaux et les travailleurs migrants, les tests de grossesse préalables à l'embauche et les frais de recrutement de la main-d'œuvre migrante.
Obtenir un impact durable
L'approche de Better Work Jordan en matière de durabilité est centrée sur le renforcement des capacités des parties prenantes nationales par le biais de formations ciblées, de coaching et de réunions tripartites fréquentes, et en étant une source de connaissances, de données et de preuves faisant autorité pour le secteur.
Le programme transférera progressivement ses outils et méthodologies d'évaluation au ministère du travail, ainsi que ses services de conseil et de formation aux organisations de travailleurs et d'employeurs.
Better Work Jordan a intégré son approche dans la stratégie de la phase IV, qui va au-delà du rôle passé du programme en tant que fournisseur de services.
Résultats de la phase IV de la stratégie (2022-2027)
D'ici à 2027 :
- L'industrie jordanienne de l'habillement disposera d'un système efficace de gouvernance tripartite-plus du marché du travail, dans lequel les droits des travailleurs seront respectés et protégés conformément à la législation nationale du travail et aux principales normes internationales du travail.
- La croissance des exportations et les politiques actives du marché du travail augmenteront la contribution de l'industrie de l'habillement à l'emploi en Jordanie.
Better Work Jordan aura eu un impact positif sur les conditions de travail et la gouvernance du marché du travail au-delà de l'industrie jordanienne de l'habillement orientée vers l'exportation.
La stratégie de la phase IV s'aligne également sur les principales priorités politiques du gouvernement jordanien, notamment le programme de priorités économiques 2021-2023 (EPP), qui vise à améliorer l'environnement des entreprises et des investissements en Jordanie et à augmenter le nombre d'emplois jordaniens. La stratégie est également alignée sur la vision et la stratégie nationale de la Jordanie 2025, qui vise à créer des emplois de qualité dans le secteur privé pour les Jordaniens, à favoriser une croissance inclusive, à accélérer les capacités de promotion des exportations et à améliorer l'environnement des entreprises.
Chaque partie prenante a déjà un mandat et un rôle clés à jouer dans la poursuite des progrès, et Better Work Jordan cherche à accroître l'efficacité et la responsabilité de ces partenaires.
Le ministère du travail estime qu'il peut jouer son rôle en créant des directions du travail dans les zones industrielles du pays afin de garantir le respect de la loi sur le travail par le biais d'inspections régulières et de traiter les plaintes des travailleurs, selon M. Al Najdawi.
Il a indiqué que le code de pratique du ministère du travail, la Liste d'or, vise à améliorer les conditions de travail en encourageant le respect du droit du travail jordanien et des normes internationales. Les entreprises qui adhèrent aux critères de conformité de la Liste d'or bénéficient d'incitations qui réduisent les coûts de recrutement des travailleurs migrants. Al Najdawi a ajouté que le gouvernement cherche à modifier la législation du travail "pour résoudre les problèmes des zones industrielles et des dortoirs de travailleurs et pour garantir une inspection du travail efficace".
Le rôle du syndicat "est crucial pour assurer la durabilité des réalisations dans le secteur ainsi que la stabilité du marché du travail grâce à des accords sectoriels contraignants", a déclaré Al Omrani. "Le partenariat entre le syndicat et l'OIT a développé et facilité le travail syndical, faisant progresser le secteur de l'habillement dans son ensemble.
La JCI "continuera à collaborer avec Better Work Jordan, à prendre part aux débats sur les questions de travail, y compris la législation, les normes et le salaire minimum, et à la planification stratégique pour une croissance durable et la prospérité du secteur", a déclaré la JCI dans un communiqué.
Le directeur exécutif de J-GATE, Sawsan Al Habahbeh, a appelé à "une meilleure compréhension de ce que le secteur est capable de réaliser".
"Le secteur de l'habillement est capable de créer des emplois indispensables pour les habitants des zones défavorisées et rurales, et de soutenir la croissance économique du pays. Sa résistance face à la pandémie de COVID-19 prouve la capacité du secteur à faire face à des circonstances imprévues", a-t-elle déclaré.
Afin de garantir la durabilité de ces réalisations, "les acheteurs continueront à s'engager avec les parties prenantes concernées, afin de s'assurer que la mission commune visant à améliorer la vie des travailleurs dans le secteur de l'habillement en Jordanie se poursuive", a déclaré M. El Esir.
Le directeur du programme Better Work Jordan, Tareq Abu Qaoud, a déclaré que "l'observation de l'évolution des conditions de vie et de travail des travailleurs au cours des dernières années a renforcé l'engagement du programme à aider les acteurs nationaux à remplir leur mandat et à promouvoir des conditions de travail décentes".
Nous continuerons à collaborer étroitement pour relever les défis auxquels sont confrontés les travailleurs, au niveau politique et dans différents domaines, tels que l'égalité entre les hommes et les femmes, le renforcement de la voix des travailleurs et l'amélioration des pratiques de recrutement, des salaires et des heures de travail".
"Nous invitons les autres acteurs à soutenir les efforts d'amélioration des conditions de travail dans l'industrie de l'habillement et dans d'autres secteurs", a ajouté M. Abu Qaoud. "Il est essentiel d'instaurer la confiance entre les partenaires sociaux pour pérenniser les améliorations."